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Les confidences extraordinaires du Professeur Bang

18 octobre 2018

Une journée en dictature




Le pays était depuis près de dix-huit mois sous la botte du dictateur Manu. Ce dernier avait été certes élu, mais par des citoyens soumis à une manipulation mentale les ayant privés de tout libre-arbitre, ce qui les avait conduit à le préférer à Jean-Luc, seul véritable représentant du Peuple. On les avait vus, dans les bureaux de vote, cherchant au second tour les bulletins de vote au nom de Jean-Luc, qui avaient mystérieusement disparu, probablement dérobés en catimini par le Parti Médiatique.

Depuis, le Peuple courbait l’échine, à peine revigoré par d’immenses manifestations, organisées par les Réfractaires, le parti dirigé par Jean-Luc, entré dans la Résistance le soir même de son élimination du premier tour de l’élection. Ces manifestations, comparables à de véritables marées populaires, avaient parfois réuni, selon le comptage effectué par des militants réfractaires, un nombre de participants pratiquement égal à celui de la population du pays, et faisaient le bonheur des vendeurs de merguez.

Cela irritait beaucoup le dictateur, qui avait réuni autour de lui une horde de nervis barbus, leur demandant de terroriser ainsi la population, et surtout de neutraliser Jean-Luc, dont l'exceptionnelle popularité menaçait la survie du régime.

Ce matin d’automne, les premiers rayons du soleil tentaient timidement de percer la brume. Un commando d’une centaine de membres de la police politique, recruté par le Cabinet Noir, encercla soudain le petit deux-pièces où vivait misérablement Jean-Luc, entouré de livres et de l’affection des siens. Un guetteur aperçut les hommes en armes, mais ce fut trop tard : ceux-ci envahirent aussitôt le misérable réduit où Jean-Luc avait établi sa thébaïde, et où il réfléchissait à l’avenir de la classe ouvrière, tandis que le Peuple souffrait dans l'espérance de la revanche de l’élection perdue.

Encerclé par les sbires de l’infâme Manu, Jean-Luc n’eut que le temps de s’adresser au monde en utilisant le téléphone portable que les brutes n’avaient pas eu le temps de lui subtiliser. C’est ainsi que le Peuple sut que son représentant le plus fidèle subissait une nouvelle persécution.

Jean-Luc réussit cependant à s’enfuir, et tenta alors vainement de se réfugier dans les locaux du mouvement des Réfractaires, suivi par des caméras de quelques journalistes ayant encore échappé au contrôle du Parti Médiatique ; une saine colère saisit alors les fidèles parmi les fidèles de Jean-Luc ; Alexis cria et tenta d’éviter d’être plaqué au sol par un des sicaires ; s’approchant trop près d’un autre, également barbu, leurs ornements pileux se mélangèrent un instant ; Adrien poussa une porte en tentant de pénétrer dans les locaux, dans l'espoir que sa chevelure rousse pouvait effrayer les spadassins du régime ; rien n’y fit. Raquel, enfin, publia pour protester de nombreuses analyses juridiques dont le caractère contradictoire et imprécis peut s’expliquer par la ferveur du moment.

- Ne me touchez pas, ma personne est sacrée, je suis la République, répétait Jean-Luc, en repoussant d'un geste viril mais correct les ignobles exécuteurs des basses oeuvres de la police politique du tyran Manu, mais uniquement pour se défendre, attention.

Devant la résolution de Jean-Luc, et le soutien populaire qui enflait de minute en minute, les hommes de main du despote finirent par se retirer, honteux et confus, et c’est triomphalement que le Grand Leader du Peuple, comme ses proches l'appelaient dans l'intimité, put enfin réapparaître sous les vivats et les félicitations de la foule, reprendre sa place parmi les représentants du Peuple, et, fidèle à son habitude, répondre chaleureusement aux journalistes qui le pressaient de questions, à condition qu’elles ne fussent pas posées avec un accent du sud-ouest, parce que, quand même il ne faut pas exagérer.









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30 avril 2018

ENSEMBLE, PREPARONS-NOUS A AFFRONTER LE MOIS DE MAI

 

"Mai se compose essentiellement de trente et un jours si habilement distribués qu'ils forment tous les ans le cinquième mois de l'année", disait le regretté Alexandre Vialatte. 

Comme son nom l’indique, le mois de mai est idéalement situé entre le début du Printemps et la fin du Printemps qui, dans les zones tempérées, coïncide souvent, et c’est amusant, avec le début de l’été. Un ami habitant en Nouvelle-Zélande m’indiquait toutefois récemment que cette analyse peut se discuter, en prétendant que ce mois était plutôt situé au début de l’Automne, mais l’Anglo-Saxon est d’un naturel chipoteur. Et d'ailleurs, il a tort, car sinon on appellerait le mois de mai le mois de novembre.

La canaille révolutionnaire avait, quant à elle, fixé au 12 Floréal le premier jour du mois de mai, ce qui, convenons-en, avait beaucoup moins de gueule, et il est heureux que la France se soit ressaisie pour revenir à l'ancienne dénomination, sans quoi le fameux défilé du 1er mai se serait appelé le défilé du 12-Floréal, ce qui aurait plongé l'ouvrier dans l'expectative.

Pour fêter l’arrivée des beaux jours, de charmantes traditions subsistent, et doivent être préservées afin de conserver ce patrimoine qui fait la gloire de notre Civilisation. C'est ainsi que le Périgourdain collecte la rosée de mai à l’aube pour se laver ; puis il marche pieds nus dans la prairie au lever du jour pour s’en humecter ; après quoi il claque des dents et se coule fiévreux sous l’édredon, non sans avoir pris la précaution préalable de s’enduire le corps de graisse de canard pour se réchauffer. Le Normand fait la même chose avec de la crème fraîche, et le Provençal avec de l’huile d’olive. On voit par là que les traditions séculaires se nourrissent des expériences croisées des voyageurs.

De grands rassemblements se tiennent en mai, afin de planter des arbres destinés à honorer publiquement les élus locaux, ou à conspuer les élus nationaux. Dans ce dernier cas, les arbres sont plutôt déracinés et jetés en travers des avenues. On soulève les pavés pour voir si dessous se trouve la plage. Des automobiles flambent, comme à chaque Saint-Sylvestre, ce qui permet d'inscrire cette tradition dans la durée. Les trains sont arrêtés, ce qui permet au voyageur de profiter lui aussi de la rosée. On profite de l’arrivée des beaux jours pour repeindre les murs des facultés. Parfois, on organise des concours de lancers de toutes sortes d'engins fumigènes. Des bébés dans des landaus dévalent des escaliers comme à Odessa.

Chaque année dont le millésime se termine par un 8, on souhaite renouveler cette coutume originale, et les années qui suivent d’importantes élections sont également l’occasion pour ceux qui ont été battus de tenter ainsi une revanche, ce qui est bien compréhensible. Puis, la fin du mois voyant approcher l'arrivée de l'été, le militant vérifie que le train pourra l'emmener sur son lieu de vacances, où, à l'ombre des platanes, en sirotant son pastis, il pourra impressionner l'autochtone en lui racontant sa guerre de mai.

On voit par là qu’à l’instar de nombreux autres endroits du monde, la France est une terre de contrastes où peut cohabiter un modernisme débridé et le respect d’ancestrales traditions qui contribuent notablement à son charme.

 

 

 

 

 

10 janvier 2018

Politiquement correct

 

Il était une fois une jeune personne appelée le Petit Chaperon Rouge, en hommage à la petite cape qu’elle portait, et qu’elle avait voulu de la couleur des luttes populaires. Elle vivait à la lisière d’une forêt peuplée principalement d’arbres plantés dans le respect des normes écologiques. Elle passait ainsi son enfance avec sa mère, sans papa, ce qui est un grand malheur, tant il est admis dans certains milieux qu’un enfant ne peut être valablement élevé qu’avec un couple de parents hétérosexuels.

Un jour, sa mère lui demanda d’apporter à sa grand-mère un panier dans lequel se trouvait une galette et un petit pot de beurre. Toutefois, ayant adopté un régime végan, le Petit Chaperon Rouge proposa de remplacer ces victuailles par des fruits biologiques de saison, ainsi que de l’eau minérale dans une bouteille en verre recyclable.

Avant de prendre la route, le Petit Chaperon Rouge s’inquiéta auprès de sa mère des conséquences que pourraient avoir, du point de vue syndical, le fait qu’en agissant ainsi, elle était susceptible de prendre le travail des prolétaires, qui avaient combattu des années durant pour avoir le droit d’effectuer toutes sortes de transports d’objets à travers les bois ; mais cette dernière expliqua que ce travail était pour elle un acte libérateur du carcan machiste qui l’empêchait d’être pleinement intégrée dans la société.

Pour autant, le Petit Chaperon Rouge n’était pas encore totalement satisfaite, car elle se demandait si sa grand-mère n’allait pas prendre ombrage du fait qu’en acceptant ainsi d’être nourrie par sa petite-fille, elle se sentirait dans une situation d’infériorité, comme étant malade et dépourvue d’autonomie ; cependant, sa mère la rassura en lui expliquant que si sa grand-mère était effectivement malade, voire handicapée, cette situation ne faisait pas d’elle un être inférieur, mais uniquement une composante de la société nécessitant  l'appui de la solidarité nationale.

Ainsi, le Petit Chaperon Rouge fut rassurée et entreprit de prendre la route le coeur léger, en sifflotant un air révolutionnaire.

Si de nombreuses personnes estiment, à tort, que la forêt est dangereuse, dans la mesure où il peut arriver qu’on y rencontre des marginaux, il est évident que dans une société idéale, ces derniers seraient acceptés, quel que soit leur mode de vie. Par conséquent, le Petit Chaperon Rouge décida de suivre son chemin sans davantage penser à d’éventuels dangers.

Soudain, elle se trouva face au Loup, qui lui demanda, sans la moindre forme de politesse, quel était le contenu de son panier, ce à quoi elle répondit qu’elle portait à sa mère-grand une frugale collation totalement dépourvue de toute exploitation animale et de matières grasses, et ce afin de lui venir en aide conformément au principe de la solidarité familiale qui doit souder toute communauté.

Le Loup lui faisant observer qu’il semblait dangereux pour une jeune fille de flâner seule dans le bois, elle répliqua qu’elle trouvait cette remarque particulièrement sexiste à la limite du harcèlement, et décida de poursuivre sa route non sans avoir haussé les épaules devant tant de grossièreté.

Pendant ce temps, le Loup, qui, du fait de sa condition de marginal, connaissait l’endroit où se trouvait la résidence de Mère-Grand et le raccourci pour s’y rendre, fit irruption chez cette dernière dans des conditions sur lesquelles il serait trop long de disserter, et qui mettent en cause le rôle de la chevillette et de la bobinette ; puis il la dévora, mais sans bien mâcher, ce qui était de nature à nuire à sa bonne digestion.

Convaincu du caractère dépassé des conventions imposées par le genre dans l’habillement, il passa les habits de la grand-mère et se glissa sous les draps en attendant la venue du Petit Chaperon Rouge.

Cette dernière ne tarda pas à entrer dans la maison, et dit :

- Mère Grand, je me suis permise de vous apporter un petit en-cas végétarien sans gluten, afin de rendre hommage à votre rôle dans mon éducation.

S’ensuivit un dialogue au cours duquel le Loup (car c’était lui, vous l’avez peut-être deviné) et le Petit Chaperon Rouge échangèrent sur les particularités physiques dont cette dernière estimait qu’elles avaient particulièrement évolué dans les derniers temps, au point de rendre Mère Grand (car le Petit Chaperon Rouge pensait de bonne foi qu’elle avait affaire à elle), assez méconnaissable, et pour tout dire bien plus laide qu’auparavant.

C’est ainsi qu’au mépris de toute convention sociale, le Grand Méchant Loup (car on pouvait désormais l’appeler ainsi en raison de son attitude inqualifiable), saisit le Petit Chaperon Rouge et entreprit de vouloir la dévorer, alors même que son apport quotidien en protéines était déjà largement acquis par l’ingestion de Mère-Grand.

- Ne me touche pas, espèce de pervers, cria le Petit Chaperon Rouge, qui avait enfin reconnu le Loup, en dépit de ses habits plutôt adaptés au genre féminin. Avant d’aller plus loin dans nos rapports, tu dois me demander la permission, ou bien je te balance sur Twitter.

A ces mots, le Loup comprit qu’il était en train de se rendre coupable de harcèlement à l’égard de la pauvre enfant, et entreprit de lui demander pardon. Puis il partit, honteux et confus, en se promettant de réfléchir sur le processus mental qui l’avait amené à se conduire d’une façon aussi peu convenable.

 

 

23 novembre 2017

L'affaire de la saucisse de Morteau - interview exclusive de la ministre de la santé

 

- Madame la ministre de la santé, un certain nombre de rumeurs persistantes indiquent que vous souhaiteriez faire interdire l’usage de la saucisse de Morteau dans le cinéma français. Pouvez-vous nous le confirmer ?

- J’oppose un démenti formel à ce qui ne relève que de ragots sans fondement. Il n’est pas question pour le Gouvernement de prononcer une telle mesure, et je me demande bien d’où vous tenez une telle information.

- Pardonnez-moi, madame la ministre, mais je ne puis, vous le savez, divulguer mes sources. Il reste que ce démenti n’est pas de nature à rassurer les producteurs de saucisses de Morteau, puisqu’il ne s’agit que d’un démenti simplement formel, et donc pas particulièrement énergique. Pouvez-vous assurer qu’il n’est pas question de faire interdire l’usage de la saucisse de Morteau dans le cinéma français ?

- Je confirme qu’aucune mesure de cette nature n’est actuellement à l’étude au sein de mon ministère, et que par conséquent, les producteurs de saucisses de Morteau, que je tiens d’ailleurs à saluer au passage pour la qualité de leur travail, peuvent ainsi être rassurés.

- Je vous prie de m’excuser, madame la ministre, mais lorsque vous dites qu’aucune mesure de cette nature n’est à l’étude “actuellement”, c’est donc que vous envisagez de faire interdire dans un futur peut-être plus lointain, mais de façon certaine, l’usage de la saucisse de Morteau dans le cinéma français. Pensez-vous que cette mesure discriminatoire sera acceptée par les cinéphiles et les producteurs de saucisses de Morteau ?

- Vous m’avez mal comprise. Pour moi, il est évident qu’aucune mesure actuelle ou future n’est envisagée pour interdire l’usage de la saucisse de Morteau dans le cinéma français.

- Donc, madame la ministre, lorsque vous dites que “pour vous” cette mesure n’est pas envisageable, c’est par conséquent que d’autres membres du Gouvernement veulent en revanche la mettre en oeuvre. Est-ce que vous ne pensez pas que la mesure d’interdiction de l’usage de la saucisse de Morteau dans le cinéma français risque d’entraîner une crise gouvernementale ?

- Le Gouvernement auquel j’ai l’honneur d’appartenir, est totalement soudé, et n’a pour seul objectif que de défendre les intérêts de la France, sous l’autorité du Président de la République. Vous ne trouverez donc jamais de ma part un seul désaveu de mes collègues : ne cherchez pas de crise là où il n’y en a pas.

- Madame la ministre, je note que vous venez de révéler que M. le Président de la République est saisi de cet épineux dossier de l’interdiction de l’usage de la saucisse de Morteau dans le cinéma français, et il devient dès lors évident que les Français jugeront son action au regard de cette mesure qui fait polémique.

- Mais enfin, Madame Lucet, puisque je vous dis qu’en aucun cas le Gouvernement propose l’interdiction de l’usage de la saucisse de Morteau dans le cinéma français ! C’est tout de même incroyable, il faut vous le dire comment ?

- Votre attitude agressive démontre qu’une fois de plus, j’ai touché juste, et que les Français ne pourront pas éternellement se satisfaire de ces explications incohérentes. Le Pouvoir a manifestement quelque chose à cacher, et nos équipes d’investigation sauront, tôt ou tard, mettre au grand jour les raisons pour lesquelles le Gouvernement cherche à interdire l’usage de la saucisse de Morteau dans le cinéma français.

 


 

21 novembre 2017

Politiquement correct

 

- J’ai lu votre scénario, mon vieux, me dit le producteur. Globalement ce n’est pas mal, mais je crains qu’il nécessite quelques mises au point.

- Il y a des problèmes ? Des incohérences ?

- Non, me dit-il, c’est juste que certains points de détail me paraissent tomber sous le coup de la loi. Tenez, ajoute-t-il en brandissant le scénario : votre héros qui fume en attendant son contact irakien, ce n’est pas possible.

- Il est juste un peu nerveux. Il doit recevoir les codes nucléaires, alors c’est le stress, quoi.

- Certes, certes, répond le producteur, mais... comment vous dire ? Vous savez que la ministre de la Santé ne veut plus qu’on fume au cinéma.

- On peut lui faire prendre juste un petit whisky ?

- Vous n’y pensez pas ! Et la lutte anti-alcool ? Vous avez pensé à l’image que le film donnerait à notre jeunesse ?

- Bon, et sinon, qu’est-ce que vous en pensez, du film, sur l’histoire, tout ça ?

- Je vais être assez direct : il va falloir remanier plusieurs scènes. D’abord, votre héros qui roule à 150 km/h dans les rues de Paris, c’est catastrophique pour la sécurité routière. En plus, à un moment, il téléphone au volant ! Ne niez pas ! Et il consulte ses SMS !

- C’est parce qu’il est en liaison avec le Quartier Général pour suivre le.....

- Peu importe ! aboie-t-il, visiblement agacé. Et quand il gare sa Maserati, il ne met aucune pièce dans l’horodateur ! Vous croyez que c’est plausible ça ? Et quand il rencontre la belle Norvégienne, et qu’elle le retrouve dans sa chambre pour lui remettre les plans de la base secrète, qu’est-ce qu’il trouve à faire ? Il l’embrasse ! Direct, comme ça ! Sans lui demander son avis ! Vous voulez qu’il soit poursuivi pour harcèlement, votre héros, c’est ça ?

- Non, mais euh c’est que....

- Ne m’interrompez pas ! Vous croyez que je vais mettre du pognon dans un film qui va avoir autant d’ennuis ? Et alors à la fin, c’est le bouquet ! Votre héros, qui au passage ne justifie pas de son port d’arme, tire sur le Russe et l’abat sans que soient démontrées les conditions de la légitime défense ! Alors qu’il sort de table après avoir mangé devinez quoi ? Un rôti ! De la viande ! Et par contre, il fait fi des cinq fruits et légumes par jour ! Vous allez me refaire tout ça, jeune homme, et fissa ! Et vous allez me faire le plaisir de réécrire tout ça en écriture inclusive ! Je ne veux pas d’ennuis, vous m’entendez ?

- Je peux vous proposer une histoire plus conventionnelle, si vous préférez, dis-je, essayant de l’amadouer.

- Quel genre ?

- Deux jeunes mariés s’installent en banlieue, ils travaillent dur, mais soudain la maladie s’empare de l’épouse tandis que le mari devient l’amant du voisin du dessous.

- De la voisine du dessous, vous voulez dire ?

- Oui, oui, pardon, dis-je en m’enfuyant, tandis qu’il me pourchasse avec son parapluie jusque dans la rue, en prenant garde toutefois de s’excuser auprès des passants qu’il bouscule.

 

 

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13 octobre 2017

Sur le pré




Un brouillard laiteux recouvre encore la plaine, laissant apparaître la silhouette de quelques arbres dont les feuilles se font plus rares en ce début d’automne.

Des ombres approchent, silencieusement. On distingue deux personnes vêtues de redingotes noires, dont l’une porte un long coffret de façon solennelle, un peu comme le prêtre extrayant le ciboire du tabernacle. Ces ombres encadrent un homme légèrement voûté, mais portant beau malgré son âge qu’on devine avancé. Il est vêtu d’un long manteau, qu’il ôte et remet à l’un de ses deux accompagnateurs, laissant apparaître un gilet boutonné jusqu’au cou.

De l’autre côté de la plaine, trois autres personnes apparaissent alors que le brouillard semble se lever légèrement, laissant la place à un timide soleil. Deux hommes encadrent un troisième, plus jeune et plus petit, semblant très nerveux.

De chacun des deux groupes, qui maintenant se font face, un homme sort. Ils s’approchent l’un de l’autre. Du premier groupe, l’homme qui avait pris le manteau de celui qui semble être son chef, déploie un papier et lit un texte :

“Les quatre témoins se sont réunis hier, et ont jugé la rencontre inévitable. Elle aura lieu ce matin, en cet endroit. Les conditions seront les suivantes : épée réglementaire de combat, chacun ses armes, chemise molle, gants de ville, chaussures à volonté. Reprises de deux minutes. Repos égaux. Quinze mètres derrière chaque combattant. Le terrain gagné restera acquis. Les corps-à-corps sont interdits. Le combat sera alternativement dirigé par M. Corbière et par M. De Rugy. Le combat cessera quand l’un des deux candidats sera déclaré, par ses témoins, en état d’infériorité manifeste.”

- Bon, on se dépêche, je n’ai pas que ça à faire, moi, intervient le premier homme, dont on comprend qu’il s’agit de l’un des duellistes. Une fois que j’aurai occis ce nazi, comme l’ont fait mes glorieux ancêtres qui ont chassé ses semblables en investissant les rues de Paris, je dois aller à l’Assemblée décrocher le drapeau de la Sainte Vierge.

- Calme toi, Jean-Luc, tu vas encore m’attraper du mal et on va être obligé de te remplacer par un hologramme.

- Il a pas dit nazi, là ? intervient l’autre duelliste. Il l’a dit, cette fois, ou j’ai entendu des voix ?

- Du calme, Manuel, on est filmés, dit son témoin, le prenant doucement par le bras.

- Des voix, tu n’en as pas eu suffisamment, aux primaires, rétorque Jean-Luc, narquois.

- Et toi, les 600.000 qui t’ont manqué pour transformer la France en Goulag, elles sont où ? lui lance Manuel.

- Bon, il est temps de commencer le duel, reprend M. Corbière, un peu dépassé par la tournure que prennent les événements.

- Laisse tomber, Alexis, lâche Jean-Luc. Le soleil est trop haut maintenant, et puis je n’ai pas que ça à foutre, je dois préparer mes vacances. Allez, ça va pour une fois, foutriquet, lance-t-il à Manuel, en s’éloignant.

- J’ai pas entendu foutriquet, là ? hurle Manuel, en agitant les bras.

Mais ses témoins le prennent par le bras et l’emmènent vers sa voiture.

- Dommage que les traditions se perdent, soupire un témoin. On aurait pu rigoler un peu.

 

11 août 2017

Sachons reconnaître un oeuf gentil d'un oeuf méchant

La polémique actuelle qui couvait et vient d'éclore me conduit à vous donner quelques indications utiles qui vous permettront de tuer dans l'oeuf vos craintes légitimes de consommateurs et consommateuses, à la faveur de mes récentes découvertes.

Il y a de cela quelques jours, tandis que je sacrifiais à la cérémonie hebdomadaire de la religion de la consommation -en clair en allant m'emmerder à Carrefour le samedi matin avec tous les retraités qui pourraient trouver un autre jour, merde alors, puisqu'ils ne bossent pas- mes pas s'arrêtèrent devant le rayon des oeufs et je me perdis en conjectures à la vue des inscriptions ésotériques que l'on trouve désormais imprimées sur leur coquille.

Les oeufs sont immatriculés, comme une vulgaire Twingo, ou un salopard d'assisté demandeur d'emploi.

Je me mis en quête d'en savoir plus sur cette pratique barbare, car enfin quoi on ne leur demande pas leur avis, à ces pauvres (futures) bêtes, quand on les marque ainsi. Et je tombai sur le site qui changea ma vie, et surtout ma perception de celle de ces oeufs (et aussi, du même coup, de leur maman).

Le premier chiffre est déterminant. Il va de 0 (oeuf bio) à 3 (oeuf de batterie), et donne toutes les indications possibles sur la vie de la maman. Et toute la différence est là. Les autres chiffres, on s'en fout ; et d'abord, les chiffres on peut leur faire dire ce qu'on veut.

Si vous avez entre les mains un oeuf marqué du fameux 0, il s'agit d'un oeuf bio, élevé en plein air avec agriculture biologique s'il vous plaît.

A ce stade du raisonnement, on peut légitimement se demander si c'est l'oeuf qui a été élevé en plein air, ou si c'est sa maman. J'aurais tendance à privilégier la seconde hypothèse tant il est vrai que s'il s'agit de l'oeuf, qui par définition ne prend l'air que s'il est cassé, je ne vois pas trop l'intérêt d'annoncer au monde qu'il a été élevé en plein air ; mais passons cette disgression oiseuse, considérons qu'il s'agit de la maman, et cessez de m'interrompre, merci.

La poule qui va nous pondre un oeuf 0, donc, va passer sa vie en plein air ; elle va pouvoir bénéficier, dit le site, d'abris et de végétation sur le parcours extérieur ; Zéphyr caressera doucement les plumes de l'animal, tandis que Borée tentera de lui chercher querelle (*) ; en cas d'orage elle rentrera vite se mettre à l'abri, avec toutefois un nombre de copines limité et une faible densité de volailles ; puis, lorsque le crépuscule viendra, le maître d'hôtel lui servira sur un plateau une alimentation biologique à 90 % minimum. Enfin, lorsque sera venu le moment d'éteindre les lumières, un fermier moustachu viendra leur chanter "Viens poupoule" pour les endormir.

La poule qui va nous pondre un oeuf 1, dit "oeuf de plein air", a des conditions de vie plus simples et moins jet-set, si on veut bien me passer l'expression. Certes, elle passe du temps en plein air et peut, aux beaux jours, s'installer en terrasse, et elle a tout de même quatre mètres carrés de verdure pour elle toute seule, ce qui n'est pas beaucoup moins qu'une chambre en cité U, sauf que c'est en plein air. Le site ne nous dit pas ce qu'on lui sert à manger, mais ça doit être au menu de la poule 0 ce que le restaurant des Croisières Costa est au Fouquet's. On sent qu'il y a comme une baisse des prestations mais cela reste acceptable. La poule est certes exigeante, mais veut bien se contenter d'un poulailler classé Logis de France. A l'heure vespérale toutefois, c'est un commis chafouin qui viendra éteindre sans préavis.

La poule qui va nous pondre un oeuf 2 reste exclusivement à l'intérieur des bâtiments. Il n'y a pas de cages, mais elle ne verra pas la lumière du jour. Elle ne la voit en tous cas pas davantage que le directeur de cabinet du ministre de l'intérieur un jour d'émeutes, mais en revanche elle n'a pas de chauffeur (ça serait idiot, je répète qu'elle ne sort pas). On ne sait pas du tout ce qu'elle bouffe, mais on sent bien que n'est pas ce qu'elle serait légitimement en droit d'attendre, la poule. Son menu doit être à celui de la poule 1 ce que le restaurant administratif est au buffet des Croisières Costa. Quand vient le soir, personne ne vient éteindre, la minuterie s'en charge.

Enfin, la poule qui va nous pondre un oeuf 3 vit en cage, avec des tas d'autres poules qui, comme elle, se demandent ce qu'elles foutent là ; la surface de vie d'une poule, nous apprend le site, est celle d'une feuille A4 (et donc, par extrapolation, elle ne dispose que d'un post-it pour les cabinets) ; elle est en quelque sorte en quartier de haute sécurité et elle doit se demander où sont les miradors ; des bagarres éclatent entre les poules corses et les poules barbues ; du coup elle est stressée, ce que devait en outre ressentir son bébé que vous tenez dans les mains au rayon oeufs depuis un quart d'heure en repensant à ce billet, et qui est ravi d'être un peu plus au calme dans sa boîte. Un oeuf stressé cuit moins bien, et c'est plein de nerfs (enfin, je crois). Quant à sa bouffe, à la poule, elle est à celle de la poule 2 ce qu'est un Macdo au restaurant administratif. Et le soir, on éteint uniquement si on a pensé à allumer le matin.

Alors, chers amis, avant de mettre la main sur une douzaine d'oeufs, pensez à la vie des mamans de ces petits êtres que vous étalerez le soir sur votre poële à frire.

Ou alors, allez vous approvisionner au marché : les oeufs ne sont pas marqués, et demandez au fermier s'il a le numéro de ses poules (à voix basse, des fois que la fermière écoute, cette formulation pouvant donner lieu à quiproquo).

(*) A ce stade, écouter l'Allegro non molto du concerto n° 2 en sol mineur op. 8, RV 315, "L'été", de Vivaldi (Les quatre saisons)

 

 

17 juillet 2017

Françaises, Français, ne partez pas en vacances !

Depuis quelques jours, le temps est venu où il fait, paraît-il, un peu plus beau que le reste de l'année (sauf la période de 2012 à 2017 où François Hollande nous a porté la schkoumoune, question météo), et où certains se sont sentis obligés de partir en vacances, pendant que d'autres y songent, en comptant les jours qui les en séparent.

Désolé de casser l'ambiance, mais là je m'insurge.

Les vacances sont la partie la plus stupide de l'année, et je pèse mes mots.

Alors voilà, dès qu'arrive la fin du mois de juin, sous prétexte que depuis 1936 la canaille socialiste a eu l'idée de forcer les patrons nourriciers à payer les ouvriers à ne rien foutre pendant une partie de l'été, le citadin n'a plus qu'une seule idée en tête : se précipiter sur les plages au milieu des Allemands, au pied des montages avec les vaches, ou s'emmerder chez tata Ginette, paumé au milieu de la campagne, tout ça au lieu de bosser, et après on se demande où va la France.

Les vacances sont la conséquence désastreuse du laxisme des gouvernements faibles face aux revendications ahurissantes des syndicats, et permettent désormais à n'importe quelle feignasse de tourneur-fraiseur d'accéder en marcel et en tongs à des endroits où, aux bons temps, on ne pouvait accéder qu'en Rolls et en smoking.

Et quand on leur demande pourquoi, à tous ces aspirants vacanciers, le grand mot est lâché : ils veulent du soleil. Et pour quoi faire, je vous pose la question ?

D'abord, le Soleil c'est très surfait. Après tout, ce n'est qu'un gros machin rond impossible à regarder en face, qui tourne bêtement autour de la Terre, et j'aimerais bien qu'on me démontre le contraire. Si le Soleil peut parfois dessécher plus rapidement quelques vieux, permettant ainsi de faire de substantielles économies aux caisses de retraite, à part ça je n'en vois pas trop l'utilité, alors hein bon.

Par contre, le Soleil ramollit le travailleur qui, dans une douillette quiétude, loin de son marteau-piqueur ou de son chef de rayon, se laisse aller à la dérive somnolente du farniente matinal, ne levant une timide paupière qu'à l'approche de l'Ami Ricoré, et dont le torse huilé est une agression à toute forme d'esthétisme ; puis lorsque revient le temps de reprendre le labeur qui seul justifie son existence, il n'est plus qu'une larve ahurie dont le cerveau ramolli n'est peuplé que d'images de plages de sable fin totalement hors de propos avec les aspirations de celui qui le nourrit : son employeur. Sans compter qu'il pèle du front.

Alors je vous vois venir, et vous allez me dire que le Soleil n'est pas tout, et que les vacances ça peut être aussi le dépaysement, le changement d'air, la détente loin du quotidien, et youkaïdi youkaïda.

Désolé, mais je redis non. Car enfin, vous préférez quoi ?

La mer, où des Hollandais rouges comme des drapeaux chinois vous balancent leur sable en secouant leur serviette à l'effigie de la reine Béatrix, et où des enfants vous escagassent les coups de soleil à coups de frisbee, quand ce n'est pas de ridicules boules de pétanque en plastique ?

La montagne, où vous ne pouvez même pas trouver de la 4G pour consulter vos mails devant cette rivière à la con qui fait un bruit d'enfer et vous empêche d'écouter votre messagerie ?

La campagne, où tata Ginette, qui certes vous héberge gracieusement, vous oblige en contrepartie à assister à la foire aux bestiaux de Laissac (Aveyron - canton de Lot-et-Palanges) et à goûter ses tripoux maison ?

Vous trouvez que ça vaut le coup de se traîner des heures dans les bouchons dès la sortie de Vierzon avec ces cons de gosses qui râlent à l'arrière, même qu'une bonne paire de baffes ça les calmerait (et vous aussi, par la même occasion) ?

Mes chers compatriotes, alors que vous pouvez contribuer à l'effort national de redressement de notre Patrie, je vous en conjure, renoncez à vos congés cet été.

Ainsi je forme le voeu sincère et légitime de voir bientôt se lever le bon grain de la réussite sur les champs arrosés de la sueur du travailleur, dont le bras rejettera l'ivraie de l'oisiveté tentatrice (chauve) et participera au redressement productif de la France. 

 

27 mars 2017

Cabinet Noir

La nuit est déjà tombée depuis bien longtemps, en cet automne sinistre, et la bruine lèche désagréablement le visage des quelques rares passants qui pressent le pas pour rentrer se réfugier chez eux, au chaud.

Un homme vêtu de gris se présente, furtif, devant le gardien de la grande bâtisse. Il lui glisse un mot à l’oreille en veillant à ne pas se faire repérer. Le gardien regarde à droite et à gauche, et lui fait signe de passer après avoir entrouvert une petite grille, jusque là difficile à discerner dans le brouillard qui tombe. Puis, il referme vite la porte et continue de guetter.

Une autre silhouette approche de la grille, puis une troisième. Seule la Lune les éclaire, les lumières de la rue ayant été éteintes pour on ne sait quelle raison.

Au loin, quelques bruits de moteurs montrent que dans la grande ville, la vie continue, mais sans pour autant troubler la quiétude de cette heure où tout semble tourner au ralenti.

Les ombres sont désormais réunies dans le parc, près de l’entrée arrière du Palais. Visiblement, ces personnes se connaissent, et attendent qu’on vienne leur ouvrir. Une chouette ulule dans le silence du parc, et l’un d’eux se retourne, frissonnant.

Mais bientôt, la lumière du rez-de-chaussée du Palais s’allume ; un personnage  s’avance et leur fait signe d’entrer. C’est un petit bonhomme sans grâce à lunettes, boudiné dans un costume trop étroit, et portant encore une cravate incongrue à cette heure avancée de la nuit.

Sans un bruit, les trois ombres furtives le suivent, deux hommes et une femme ; ils atteignent une pièce en sous-sol meublée de bureaux métalliques sur lesquels sont disposés des écrans, des casques, et des magnétophones à bandes. Ils prennent place autour d’une table, seulement éclairés par trois petites lampes de bureau qui répandent une lumière blafarde. Nul bruit ne vient troubler cette ambiance studieuse, mais sinistre.

- Personne ne vous a vus entrer ? demande le maître des lieux.

Les trois invités répondent par la négative, et le petit bonhomme a l’air satisfait, et rassuré. Il enchaîne :

- Alors, quoi de nouveau depuis notre dernière réunion ?

- D’après l’institut de sondage que je dirige, Fillon devrait gagner la primaire.

- Etonnant, mais bon, admettons.

La femme prend la parole :

- Je peux préparer un dossier sur lui pour fin janvier : j’ai l’appui de sa femme, qui ne veut pas qu’il soit élu, et qui nous donnera des infos.

- Merci, madame la Procureure.

Le troisième, jusqu’ici silencieux et qui prenait des notes, intervient enfin :

- Quant à moi, monsieur le Président, je n’ai plus qu’à publier tout ça quand vous me le demanderez. Mais, en échange, puis-je avoir une information ?

- Dites toujours...

- Est-ce que vous allez vous représenter ?

- Evidemment : sinon pourquoi organiserais-je tout ça ?

 

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16 janvier 2017

Conseils utiles pour aider à lutter contre les frimas



La neige est détestable : c’est froid, c’est mouillé, ça glisse, et ça amuse les enfants. Toutes raisons pour lesquelles elle devrait être interdite.

Le froid est l’ennemi de l’espèce humaine. Dans les bureaux, l’Homme ne peut se concentrer sur sa tâche en raison du bruit que font ses dents qui claquent. L’encre gèle dans les stylos, et le café tombe en paillettes au fond de la tasse. L’aspect bleuâtre de l’employé de bureau intrigue ; le médecin légiste l’examine, préoccupé ; il est temps de songer à allumer le poële. On voit par là que l’Homme est astucieux, ce qui le distingue du dinosaure, qui a disparu, dit-on, parce qu’il n’avait pas de poële à charbon.

L’humidité perturbe les relations de voisinage. Les ménagères hésitent à se mouiller jusqu’aux cuisses pour traverser la rue lorsqu’elles veulent parler à la voisine ; les gouttières font ploc ploc dans les jardins des voisins ; des huissiers de justice en imperméable viennent constater la chose et signifier des assignations ; les enfants jouent beaucoup moins longtemps dans les caniveaux ; les chats passent la matinée sous les couettes au lieu de chasser les lézards, au demeurant peu nombreux à cette époque de l’année ; les marchands de bottes se frottent les mains après avoir ôté leurs gants.

La neige ne glisse que lorsqu’elle est arrivée au sol. C’est scientifique. Nul n’a jamais réussi à glisser sur de la neige en suspension, c’est ainsi. Ne me demandez pas pourquoi. Afin d’éviter les désagréments de la neige qui glisse, évitez donc les endroits où elle est tombée. En janvier, préférez par conséquent une plongée à Rangiroa : c’est humide, mais supportable et les poissons sautilleront joyeusement autour de vous, contrairement à la ménagère que ses bottes rendent moins agile.

Rien dans l’existence n’est plus odieux, à part peut-être les lardons dans la carbonara, que la joie dans les yeux d’un enfant. Ces êtres inachevés bouffis d’égoïsme stupide et gavés de macdos gras, se ruent sur la moindre plaque de verglas pour s’y élancer, se rêvant médaillés olympiques. Puis, ils sautent au cou de leurs parents pour leur administrer d'autorité un baiser froid, humide et chargé de microbes ; de retour au logis, les parents toussent ; ils gémissent sous le feu qui monte à leurs tempes ; puis, ils s’éteignent tristement sous la grippe, après avoir reçu l’extrême-onction des mains du prêtre dont l’étole est couverte de neige ; le notaire réunit la famille et ça fait des histoires.

On voit par là que, face aux intempéries qui s’annoncent, il faut penser à allumer le poële à charbon, acheter des bottes, et partir sous les tropiques. Mais sans les enfants.

 

 

 

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Vous trouverez ici force choses étonnantes, trucs inutiles et révélations stupéfiantes, qui émerveilleront les curieux, réconforteront les inquiets, et amuseront les primesautiers. Ce blog, qui ravira petits et grands, peut donc remplacer avantageusement toutes ces encyclopédies rébarbatives qu'on vous propose à longueur de clics.


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