Mise en examen de Sarkozy : la preuve du complot

Mardi 19 mars 2013, 14 heures, palais de l’Elysée. Un conseiller patiente dans l’antichambre du bureau présidentiel. Son visage reste dans l’ombre, nous ne pouvons le voir, mais à son costume gris anthracite, nous pouvons en déduire qu’il s’agit d’un personnage important. Il entre à pas feutrés ; le président lève les yeux par dessus ses lunettes et le fixe, vaguement inquiet.

- Mauvaise nouvelle, Monsieur le Président, les ennuis de votre ministre du budget continuent.
- Rappelez-moi de quoi il s’agit, mon bon ami.
- De mauvaises langues rapportent qu’il aurait eu un compte en Suisse, vous le savez. Bien qu’il prétende le contraire, il semble bien que des preuves aient vu le jour.
- Des preuves, comme vous y allez ! Des présomptions, voyons.
- Pardonnez-moi, Monsieur le Président. Des présomptions, en effet. Mais il va falloir faire quelque chose.
- Faire quelque chose ? Moi ? Pour qui me prenez-vous ?
- Euh... je me disais que comme vous êtes le Président...
- Moi ? Ah oui, c’est vrai. Bon, je vais faire quoi alors ?
- Peut-être serait-il opportun d’envisager de réfléchir à voir dans quelle mesure on pourrait penser à imaginer que...
- Oui, bon, allez, dites-moi !
- Eh bien, s’il lui venait à l’idée de démissionner, peut-être pourriez-vous accepter ?

Le temps s’arrête. Le Président est songeur. Mais subitement, il se lève et s’approche de son conseiller :

- Mon petit, je vais faire quelque chose d’inhabituel, mais les circonstances m’y contraignent : je vais prendre une décision. Laissez-moi parler, je vous prie, ne faites pas ces yeux ébahis, ça devient vexant à force. Alors voilà, je vais accepter cette démission qui ne m’est pas encore présentée. Mais auparavant, j’ai un coup de fil important à passer. Où est mon téléphone, vous le savez, vous ? Je ne sais jamais où je le pose, c’est pénible ces grands bureaux... Ah oui, derrière la théière, merci. Et maintenant, laissez-moi, mon petit, et réglez moi tout ça.

Le Président reste seul, songeur, quelques instants. Puis il compose un numéro (hélas, on ne peut savoir qui est au bout du fil).

- Bonjour cher Monsieur, vous savez qui je suis, hein ? Vous me devez obéissance, ne protestez pas. Alors voilà, vous allez me convoquer fissa mon prédécesseur, vous savez, le type mal rasé. Mais si ! Le petit teigneux ! Voilà ! Lui ! Ah il faut tout vous dire, c’est incroyable. Bon, alors voilà ce que vous allez faire : il faut absolument que vous trouviez un truc à lui reprocher. Il n’a pas braqué une banque ? Violé une petite fille ? Un petit garçon ? Consommé de la cocaïne ? Ah, vous voyez, quand vous voulez ! Ah bon, on ne peut pas le prouver, pour la cocaïne.... C’est fâcheux.... Bon, il n’a pas agressé une vieille par hasard ? Si ? Et bien voilà !! Pas agressé, mais il lui a piqué du fric quand même ? C’est bon ça, coco ! Euh, pardon, Monsieur le juge. Désolé, ça m’a échappé. Bon, alors vous me convoquez ça vite fait, vous me le foutez au trou, et que ça saute ! Comment ça, il faut un délai pour le convoquer ? Veux pas le savoir, y a urgence ! Allez hop hop hop !

Il raccroche, et appelle son directeur de cabinet.

- Bon, ça va, c’est réglé. Vous me virez l’autre, là, je ne me souviens plus comment il s’appelle, et d’ici quarante-huit heures, vous verrez, on ne parlera plus de ça. Pffff... il faut que vrament que je fasse tout, c'est épuisant.

Comments

[Francois]

... il faut que vraiment que je fasse tout, c'est épuisant....

[Nicolas]

Vous pourriez témoigner? J'en aurai bien besoin svp