La lueur d'espoir que nous offre Madame Boutin

L’heure est au bilan de ce mois de mai. Dans quelques heures, youkaïdi youkaïda, juin va remplacer ce mois que certains esprits chagrins ont trouvé légèrement humide ; les premiers crocus vont pointer sous la neige ; les loups seront repoussés à l’est de l’Auvergne ; les stations de ski feront un premier bilan ; le Président de la République conservera certes son parapluie à portée de main, mais en espérant ne pas avoir à l’ouvrir plus de dix fois par jour. Et le chroniqueur qui n’a que ça à foutre va donc tenter un premier bilan de ce mois de mai qu’on présentait comme révolutionnaire.

Il est vrai que jusqu’au 27 mai, la grogne montait ; la révolte bouillonnait ; le peuple était vent debout contre le pouvoir ; des millions de personnes s’entassaient sur des places qui n’en pouvaient contenir que quelques milliers ; des enfants étaient écrasés par la foule, faute d’escaliers à descendre en poussette, façon Potemkine. L’inquiétude et le désespoir envahissaient l’opinion.

Mais, le 27 mai au matin, une femme s’est dressée, et suivant l’exemple du Général de Gaulle parlant à la France, a lancé derrière un micro la citation fondatrice qui mènera la France vers un avenir glorieux et apaisé : “Donc aujourd’hui, la mode c’est les gays! On est envahis de gays ! Au niveau de la pensée unique, oui c’est clairement une mode.”

Soudain, le ciel s’éclaira. Car elle a bougrement (si on peut dire) raison, Madame Boutin.

Evidemment, cela pourrait surprendre au premier abord tant il est vrai que Dieu, qui s’est donné la peine de faire l’Homme à son image, lui avait donné une compagne et non pas un compagnon, ce qui tendrait à prouver que l’homosexuel s’écarte du chemin tracé par le Seigneur, et explique l’incompréhension de la majorité silencieuse à son égard.

Or, comme le rappelle Madame Boutin, il y en a partout.

Au Gouvernement, dans la police, chez les ecclésiastiques, à l’Assemblée Nationale,  dans l’armée, l’enseignement, la justice, le spectacle, les économistes, les charcutiers, les sous-préfets, et même paraît-il les coiffeurs. A droite, à gauche, au centre, dans les cellules trotskystes et arrière-salles frontistes.

Or, que faut-il pour que la paix universelle soit instaurée, pour que la croissance soit retrouvée, bref, pour que le bonheur pointe à l’horizon ? Un groupe d’êtres humains réunis autour d’une idée commune.

Comment Blancs et Noirs, ouvriers et patrons, Américains et Iraniens, Juifs et Musulmans peuvent-ils s’entendre autrement qu’avec un dénominateur commun ?

Alors saisissons la chance qui nous est offerte de donner un avenir radieux à l’Humanité, en prenant acte de la Révélation qui nous a été faite par Madame Boutin ; oublions nos querelles, et dans un grand mouvement mondial, organisons des sommets et des conférences internationales homosexuelles : ainsi les barrières dressées par les différences de races, de religions, de langues seront-elles détruites grâce au grand élan  mondial homosexuel révélé par Madame Boutin. Grâces lui soient rendues !