Et si nous suivions l'exemple du Président de la République ?

Voici venir l'époque où le temps semble un peu moins mauvais que le reste de l'année, et où certains, profitant de l'aubaine, vont se sentir obligés de partir en vacances.

Mais voilà que le Président de la République, père de la Nation, s'emploie à donner l'exemple et choisit de poursuivre sa tâche de redressement de la France au lieu de s'emmerder à Brégançon et de se faire griller le bide (qu'il commence à reprendre un tantinet, soit dit en passant).

Alors là, je dis bravo.

Car enfin quoi, les vacances sont la partie la plus stupide de l'année, et je pèse mes mots.

Qu'on y songe : dès qu'arrive la fin du mois de juin, sous prétexte que depuis 1936, la canaille socialiste a eu l'idée de payer les ouvriers à ne rien foutre pendant une partie de l'été, le citadin n'a plus qu'une seule idée en tête : se précipiter sur les plages au milieu des Allemands, au pied des montages avec les vaches, ou s'emmerder chez tata Ginette, paumé au milieu de la campagne, tout ça au lieu de bosser, et après on se demande où va la France.

Et quand on leur demande pourquoi, le grand mot est lâché : ils veulent du soleil. Et pour quoi faire, je vous le demande ?

D'abord, le Soleil c'est très surfait. Après tout, ce n'est qu'un gros machin rond qui tourne autour de la Terre, à ce qu'on raconte, et ce n'est pas un étranger comme Galilée qui va nous prétendre le contraire. Et si le Soleil peut parfois réchauffer quelques vieux ou permettre de brûler des fourmis à travers une loupe, à part ça je n'en vois pas trop l'utilité, alors hein bon.

Par contre, le Soleil ramollit le travailleur qui, dans sa douillette quiétude, loin de son marteau-piqueur ou de son chef de rayon, se laisse aller à la dérive somnolente du farniente matinal, ne levant une timide paupière qu'à l'approche de l'Ami Ricoré ; et lorsque revient le temps de reprendre son labeur, il n'est plus qu'une larve ahurie avec des cloques, portant en blanc sur la poitrine la trace du marcel, et dont le cerveau ramolli n'est désormais peuplé que d'images de plages de sable fin totalement hors de propos avec les objectifs de celui qui le nourrit : son employeur. Sans compter qu'il pèle du front.

Certes, on prétendra que le Soleil n'est pas tout, et que les vacances ça peut être aussi le dépaysement, le changement d'air, la détente loin du quotidien, la découverte, youkaïdi youkaïda.

Désolé, mais je dis non, car où va le vacancier ?

La mer, où des Hollandais rouges comme des drapeaux chinois vous balancent leur sable en se secouant la serviette à l'effigie du roi Willem-Alexander, voire leur ballon de foot de plage, alors qu'ils ne savent même pas jouer à la pétanque comme tout le monde ?

La montagne, où vous ne pouvez même pas trouver de la 3G pour consulter vos mails devant cette rivière à la con qui fait un bruit d'enfer et vous empêche d'écouter votre messagerie, et où il faut porter autre chose que des tongs ?

La campagne, où tata Ginette, qui certes vous héberge gracieusement, vous oblige à assister à la traite des vaches, voire même à goûter ses yaourts ?

L'Afrique, où les canicules vont vous emballer (*) ?

Mes chers compatriotes, alors que vous pouvez contribuer à l'effort national de redressement de notre Patrie, je vous en conjure, renoncez à vos congés cet été, et suivez l'exemple de notre Guide suprême.

Ainsi je forme le voeu sincère et légitime de voir bientôt se lever le bon grain de la réussite sur les champs arrosés de la sueur du travailleur, dont le bras rejettera l'ivraie de l'oisiveté tentatrice chauve, et que se substituera à notre société aveuglée par l'esprit hédoniste soixante-huitard, celle dont le travail salvateur sera le ciment de l'unité nationale.

(*) pardon

Comments

[ALiCe__M]

"Il pèle du front" !!! le détail qui tue ! j'ai bien ri, merci.