Coquillages, crustacés et ULM à banderole
Sur la plage ensoleillée où, dit-on, le baigneur à cloques et la baigneuse tartinée de crème solaire font la rencontre de coquillages et crustacés, le calme balnéaire règne. Quelques enfants construisent des châteaux de sable. D’autres s’enterrent jusqu’au cou en riant. Des ballons rebondissent sur les parasols ; un septuagénaire furibond repose ses mots croisés et se lève de son siège en toile en les menaçant du doigt ; des Hollandais découvrent la pétanque de plage en jetant des boules multicolores ; deux amoureux allument la même cigarette, allongés sur une serviette, et se regardent.
L’heure est à la torpeur. Un bel après-midi d’été. Seuls quelques petits nuages apportent parfois un peu d’ombre : les baigneurs mouillés regardent le ciel en se séchant.
Puis, le bruit d’un moteur attire l’attention. Un point tout au loin, vers la gauche, approche doucement. Quelques instants passent, et on réalise qu’il s’agit d’un ULM, qui va passer au droit de la plage, quelques centaines de mètres au large. Le bruit croît, l’appareil grossit ; il traîne une banderole. Des vacanciers allongés sur leur serviette lèvent le nez, abandonnant pour un instant leur lecture. Deux joueurs de badminton suspendent leurs échanges. La banderole est presque lisible. On va pouvoir savoir ce qui y est écrit. Elle passe enfin devant la plage.
“Hollande démission”.
Soudain tout le monde réalise que le président de la République est certainement là, sur la plage, fondu au milieu de la foule. Autrement, ça n’aurait pas de sens. Personne n’imagine que s’il était resté à l’Elysée à travailler, un avion serait passé devant cette plage pour réclamer sa démission. Chacun regarde son voisin, puis aux alentours, cherchant le président, pour savoir s’il a vu la banderole. S’il va démissionner. On vit l’événement en direct. Des caméras sont certainement alentour.
Mais rien. Alors, chacun reprend sa place. Les enfants retournent au château de sable ; les joueurs de pétanque et de badminton rejouent leur point ; les cruciverbistes recommencent à se gratter la tête.
Et le pilote de l’aéroplane poursuit sa route vers d’autres plages, à la recherche du président, désespérant de voir arriver son message avant 2017.