Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les confidences extraordinaires du Professeur Bang
28 novembre 2013

Courte dénonciation du rôle pernicieux des contes de Perrault


L’époque est au dévoiement des valeurs. La jeunesse de notre pays s’égare ; elle n’a plus de repères ; livrée à elle-même, elle ne connaît pas de limites ; elle ne respecte plus rien et se permet de voter à gauche (même si ce phénomène semble en voie de régression). 

Le temps est venu de se pencher sur les causes de ce fait de société qui ne laisse pas d'être préoccupant. 

Une piste de réflexion serait peut-être à rechercher dans le manque de confiance des nouvelles générations envers leurs aînés.

Car enfin quoi, rappelons-nous notre enfance : blottis dans les bras d’une mère, assis sur les confortables genoux de l’aïeul, l’enfant écoute, confiant, le récit des contes merveilleux qui se transmettent de bouche à oreille de parents.

Et c’est là que le bât blesse, parce que c’est vraiment n’importe quoi.

Prenons pour exemple le Petit Poucet. Ainsi donc, un bûcheron et sa femme n'ont plus de quoi nourrir leurs sept garçons. Admettons-le, l’époque est rude, le chômage est endémique ; la forêt ne nourrit plus son homme. Un soir, alors que les enfants dorment, les parents se résignent, la mort dans l'âme, à les perdre dans la forêt. Mais le Petit Poucet, qui a oublié d'être bête, se munit de petits cailloux blancs qui lui permettront de retrouver son chemin. On connaît l'histoire. 

A ce stade, il convient de s’interroger : où ce gamin va-t-il chercher ses cailloux blancs, sinon par terre ? Donc, on se trouve dans une région où se trouvent plein de cailloux blancs : autrement il n’aurait pas pu en trouver autant, et si rapidement. D'ailleurs, dans les régions où il n'y a pas de cailloux sur le sol, s'il est évident que les cailloux jetés par les enfants se remarquent mieux, le fait qu'il n'y en ait pas les empêche d'en trouver, ce qui affaiblit sensiblement cette hypothèse. Admettons donc que la région est dotée d'un nombre de cailloux suffisamment conséquent pour permettre au Petit Poucet d'en disposer à sa guise. Eliminons enfin la critique qui pourrait être faite à ce raisonnement en relevant que l'enfant qui n'était pas au courant de l'intention de son père de l'abandonner dans la forêt dans une région caillouteuse n'a aucune raison d'anticiper sur la difficulté qu'il est susceptible de pressentir, et de ramasser des cailloux en quantité suffisante dans la perspective de devoir marquer son chemin dans une région dépourvue de cailloux. Enfin, relevons que s’il les sème à terre, ils vont immanquablement se mêler aux autres cailloux, ce qui va nuire à l'intérêt de l'opération. On voit par là que cette histoire, pour édifiante qu’elle soit, se heurte à certaines invraisemblances.

Mais cela ne s’arrête pas là.

Le problème des parents du Petit Poucet n’étant pas réglé, puisqu’à l’époque il n’y avait pas d’assistés, ils décident de reperdre les enfants dans la forêt mais après les avoir enfermés de manière qu’ils ne récupèrent pas à nouveau de petits cailloux blancs. Et c’est là que le Petit Poucet a une réaction proprement ahurissante : changeant son fusil d'épaule, il décide à la place des cailloux de laisser tomber des petits bouts de pain. Il s’agit là d’une attitude irresponsable, laissant présager de la déliquescence dans laquelle tombera plus tard cette jeunesse, car au lieu de gaspiller bêtement des petits bouts de pain -qui finiront bouffés par des oiseaux- ils auraient, lui et ses frères, mieux fait de bouffer le pain puisqu'ils avaient si faim. Faudrait savoir. Et puis d’abord, puisque les parents n’avaient rien à manger, on peut légitimement se poser la question de savoir par quel miracle les sept enfants avaient pu être en possession de pain : Charles Perrault reste muet sur ce point, pourtant crucial, ce qui permet de ne pas exclure l´hypothèse d'un vol au détriment de la boulangère. 

Mais cela ne s’arrête toujours pas là.

Car que fait le Petit Poucet, une fois perdu dans la forêt, après s’être fait bouffer ses repères topographiques ? Vous le savez, car ces contes restent ancrés à tout jamais dans vos mémoires : il croise le Petit Chaperon Rouge, qui vient de courir à sa perte en donnant au loup qu’elle a rencontré dans la forêt les indications nécessaires pour trouver la maison de sa grand-mère.

Or, le Petit Poucet, pourtant présenté comme particulièrement intelligent, va laisser partir le Petit Chaperon Rouge vers son destin, au lieu de l’alerter sur le danger qu’elle court en se rendant chez sa Mère-Grand.

Mort de faim, le Petit Poucet laisserait donc partir une jeune fille qui porte une galette et un petit pot de beurre ? Voilà une incohérence de plus dans ce récit.

Enfin, et ce n’est pas là le moins incongru, le Petit Poucet, que l’on présente comme particulièrement éveillé aux choses de la vie, n’aurait pas deviné à quel usage le loup, une fois en compagnie de Mère-Grand, entendait destiner le petit pot de beurre ?

On voit par là que si notre jeunesse est aujourd’hui si dévoyée, c’est bien en raison de carences éducatives, et parce qu’aucune confiance ne peut plus être faite dans les récits des anciens.

 

Publicité
Publicité
Commentaires

Vous trouverez ici force choses étonnantes, trucs inutiles et révélations stupéfiantes, qui émerveilleront les curieux, réconforteront les inquiets, et amuseront les primesautiers. Ce blog, qui ravira petits et grands, peut donc remplacer avantageusement toutes ces encyclopédies rébarbatives qu'on vous propose à longueur de clics.


Publicité
Les confidences extraordinaires      du Professeur Bang
Archives
Publicité