Vibrant plaidoyer pour un boycott de la fraise espagnole
Ceux qui le savent ne l'ignorent pas : même si par la faute de la canaille socialo-communiste qui ruine actuellement la France le printemps tarde à venir, le président n'est pas le seul à être aux fraises. La ménagère aussi, qui rôde dans les étals à la recherche du fruit destiné à ravir ses bambins, pendant que son mari se consacre à l'étude des différentes variantes de la consommation du houblon.
Face aux barquettes rouges comme le sexe de Rocco Siffredi de retour de tournage, la ménagère se tâte, pensive ; elle hésite devant la gariguette ; tergiverse face à la mara des bois ; est interloquée à la vue de la fraise de Cachoubie. Mais les contraintes économiques la poussent à porter son choix vers la fraise espagnole pour de basses raisons financières.
Alors là, je dis stop.
Car en agissant ainsi, la ménagère contribue à alimenter un des plus grands scandales de notre temps, qu'il convient de dénoncer avec force : les conditions dans lesquelles ces malheureuses fraises sont arrachées à leur milieu naturel, pour satisfaire l'appétit vorace de l'Homme, qui s'y connaît pour mettre la nature à genoux.
Au petit matin, alors que l'aube commence à éclairer doucement l'exploitation, des cueilleurs, vêtus d'habits colorés, avec épaulettes et galons dorés, sous les ordres d'un chef, se glissent furtivement pour encercler la malheureuse fraise d'Espagne. Des acolytes, armés de pique-olive à pompons tournent subitement autour de la fraise, brusquement sortie de son sommeil ; ils la piquent tandis que la fanfare joue un air entraînant vaguement militaire ; puis le chef s'approche ; il porte un chiffon rouge, sans doute taché du sang des fraises de la veille ; il tente de la faire réagir, mais on sent déjà chez le fruit une lassitude bien compréhensible ; enfin il l'arrache d'un coup sec.
Plus tard, on équeutera la fraise, et on raconte que c'est ainsi que le fresero est récompensé.
Certes, la fraise conserve sa chance ; elle peut même être graciée si elle résiste bien à la cueillette ; mais convenons que c'est extrêmement rare.
Alors, camarades, afin de faire cesser cette barbare pratique, boycottons la fraise espagnole !