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Les confidences extraordinaires du Professeur Bang
1 novembre 2013

En novembre, laissons nous tenter par l'omelette aux champignons

Voici venir le mois de novembre, période inutile située entre le moment où les arbres perdent leurs feuilles et celui où on les enguirlande. Si on ne considère le mois de novembre que sous cet angle, on pourrait aisément s'en passer ; mais il s'agit en revanche du mois le plus propice à l’omelette aux champignons. On voit par là qu'au delà des apparences, chaque saison présente ses avantages. 

Pour réussir une belle omelette aux champignons, faites au préalable l'acquisition d’une grande maison rustique exposée de préférence au vent sauvage de novembre qui se déchire et se démembre, et comportant une cuisine obscure pavée de tomettes grasses polies par les ans ; conquérez l'amitié de quelques chasseurs revenant de taquiner la bécasse, le cerf, le sanglier, le lama bordelais ou l’ennemi de la famille ; faites vous assister de la grande Fernande, à qui vous pensiez parfois les soirs de solitude, tandis que, vaillante sentinelle, vous agitiez votre bière dans les guérites ; munissez-vous d’un grand bol de faïence dont le revêtement peut être subtilement craquelé. Préparez un feu de sarments, en tenant un verre de jus de pomme rien que pour pouvoir faire un subtil jeu de mots ; choisissez la girolle, la pholiote du peuplier, la trompette des morts, et à la rigueur le clitocybe géotrope si vous voulez épater vos amis ; évitez l’amanite panthère ou la lépiote brune sauf si vous êtes le légataire universel d'un de vos hôtes. Certains champignons faisant dans la taquinerie peuvent contrarier la digestion paisible des convives : testez les donc au préalable sur un cousin désargenté, recueilli après son évasion, qui rend de petits services et loge au grenier ; le cas échéant, enterrez-le près de la rivière avec l’ennemi de la famille.

Et pensez à prendre aussi des oeufs, sans lesquels une omelette est souvent moins bien réussie.

Le reste est assez simple, et connu de tous : mettez en vrac les oeufs, les champignons, l’assaisonnement dans une grande poële tandis que le chat se prélasse langoureusement devant l’âtre ; décrochez le pata negra ou le serrano de sa poutre et découpez-le en tranches fines (pas le chat, le jambon) tandis que la Beamish ou la Murphy réchauffe ; veillez à ne pas laisser partir un petit feu de poutre ; ajoutez du lard, du poivre ; si quelques truffes sont désoeuvrées et s’ennuient près de l’évier, n’hésitez pas à les mettre à contribution ; servez chaud et dégustez avec un cabernet-sauvignon, un tannat ; les moins xénophobes tenteront un garnacha tinta. Prévoyez, pour aider à la digestion, quelques belles lampées d'armagnac.

En revanche, après le 15 novembre, si vous détestez vos amis et que vous ne voulez ne pas les revoir, il vous sera toujours possible de leur servir un beaujolais nouveau.

 

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Commentaires
@
Merci pour cette belle recette. C'est un régal de vous lire.
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Vous trouverez ici force choses étonnantes, trucs inutiles et révélations stupéfiantes, qui émerveilleront les curieux, réconforteront les inquiets, et amuseront les primesautiers. Ce blog, qui ravira petits et grands, peut donc remplacer avantageusement toutes ces encyclopédies rébarbatives qu'on vous propose à longueur de clics.


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