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Les confidences extraordinaires du Professeur Bang
13 mai 2014

Les Français partent moins en vacances : enfin une bonne nouvelle !

 

Les journaux le disent, donc c'est vrai : les Français vont moins partir en vacances cette année que les années précédentes. Les chroniqueurs avisés mettent le phénomène sur le compte de l'impréparation et l'amateurisme du Gouvernement ; les sociologues dissertent ; les ménagères s'interrogent ; les écoliers s'inquiètent. Bref, on ferait dans la morosité que je n'en serais pas autrement étonné.

Mais désolé de casser l'ambiance, car là (*) je m'insurge.

Les vacances sont la partie la plus stupide de l'année, et je pèse mes mots.

Alors voilà, dès qu'arrive la fin du mois de juin, sous prétexte que depuis 1936 la canaille socialiste a eu l'idée de forcer les patrons nourriciers à payer les ouvriers à ne rien foutre pendant une partie de l'été, le citadin n'a plus qu'une seule idée en tête : se précipiter sur les plages au milieu des Allemands, au pied des montagnes avec les vaches, ou s'emmerder chez tata Ginette, paumé au milieu de la campagne, tout ça au lieu de bosser, et après on se demande où va la France.

Les vacances sont la conséquence désastreuse du laxisme des Gouvernements démocratiques face aux revendications ahurissantes des syndicats, et permettent désormais à n'importe quelle feignasse de tourneur-fraiseur d'accéder en marcel et en tongs à des endroits où on ne pouvait naguère accéder qu'en Rolls et en smoking.

Et quand on leur demande pourquoi, à tous ces aspirants vacanciers blafards, le grand mot est lâché : ils veulent du soleil. Et pour quoi faire, je vous pose la question ?

D'abord, le Soleil c'est très surfait. Après tout, ce n'est qu'un gros machin rond impossible à regarder en face, qui tourne bêtement autour de la Terre, et j'aimerais bien qu'on me démontre le contraire. S'il peut parfois dessécher plus rapidement quelques vieux, permettant ainsi de faire de substantielles économies aux caisses de retraite, à part ça je n'en vois pas trop l'utilité, alors hein bon.

Par contre, le Soleil ramollit le travailleur qui, dans une douillette quiétude, loin de son marteau-piqueur ou de son chef de rayon, se laisse aller à la dérive somnolente du farniente matinal, ne levant une timide paupière qu'à l'approche de l'Ami Ricoré. Son torse huilé est une agression à toute forme d'esthétisme. Et lorsque revient le temps de reprendre le labeur qui seul justifie son existence, il n'est plus qu'une larve ahurie dont le cerveau ramolli n'est peuplé que d'images de plages de sable fin totalement hors de propos avec les aspirations de celui qui le nourrit : son employeur. Sans compter qu'il pèle du front.

Alors je vous vois venir, et vous allez me dire que le Soleil n'est pas tout, et que les vacances ça peut être aussi le dépaysement, le changement d'air, la détente loin du quotidien, que ça regonfle le moral et youpi.

Désolé, mais je redis non. Car enfin, vous préférez quoi ?

La mer, où des Hollandais rouges comme des drapeaux chinois vous balancent leur sable en secouant leur serviette à l'effigie du roi Willem-Alexander - dont on ne saurait pas autrement à quoi il peut bien ressembler - et où des enfants vous escagassent les coups de soleil à coups de frisbee, quand ce n'est pas de ridicules boules de pétanque en plastique ?

La montagne, où vous ne pouvez même pas trouver de la 3G pour consulter vos mails devant cette rivière à la con qui fait un bruit d'enfer et vous empêche d'écouter votre messagerie ?

La campagne, où tata Ginette, qui certes vous héberge gracieusement, vous oblige en contrepartie à assister à la foire aux bestiaux et à goûter ses tripoux maison, voire même à boire le lait chaud de la fermière ?

Vous trouvez que ça vaut le coup de se traîner des heures dans les bouchons dès la sortie de Vierzon avec des abrutis de gosses survitaminés qui râlent à l'arrière, même qu'une bonne paire de baffes ça les calmerait (et vous aussi, par la même occasion) ?

Alors mes chers compatriotes, ne sombrez pas dans le marasme à l'idée de rester chez vous cet été : les vacances ne présentent aucun intérêt, alors que vous pouvez, dans le même temps, poursuivre votre travail et ainsi contribuer à l'effort national de redressement de la Patrie.

Avec vous, et grâce à votre effort, je forme le voeu sincère et légitime de voir bientôt se lever le bon grain de la réussite sur les champs arrosés de la sueur du travailleur, dont le bras rejettera l'ivraie de l'oisiveté tentatrice (**) et participera au redressement productif de la France.

 

(*) Bruni.

(**) chauve

 

 

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Vous trouverez ici force choses étonnantes, trucs inutiles et révélations stupéfiantes, qui émerveilleront les curieux, réconforteront les inquiets, et amuseront les primesautiers. Ce blog, qui ravira petits et grands, peut donc remplacer avantageusement toutes ces encyclopédies rébarbatives qu'on vous propose à longueur de clics.


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